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MONROSE


fait volontiers ce qu’il faut pour qu’elles s’élancent avec confiance dans la lice du ridicule. Je ne l’ai vu que deux fois en particulier, et déjà nous avons plaisanté de ces petites orgueilleuses. Ne rien faire pour elles, est tout au moins la vengeance qu’il se croit permis d’exercer contre ces insidieuses beautés si sûres du pouvoir de leurs charmes et si jalouses de pouvoir mener quelque jour, au gré de leur ambitieux caprice, un homme léger qu’on sait n’aimer rien tant au monde que son égoïste liberté. »

« Nicette reparut enivrée de ses succès, enchantée de tout ce qu’elle venait de voir et d’entendre[1]. Nous dînâmes à la hâte. Mimi jugea que nous pouvions fort bien, comme gens qui s’étaient rencontrés à Versailles, ne faire pour le retour qu’une seule voiture. Il fallut donc absolument que je montasse dans celle des dames, déplaçant la femme de chambre, dont se chargeait Lebrun, conducteur héréditaire de mon cabriolet. Nous mîmes pied à terre à l’Opéra, où les voyageuses avaient rendez-vous dans une

  1. Les choses ont peu changé depuis. Les honnêtes gens reviennent du même spectacle les larmes aux yeux, et les insensibles se désolent du moins de ce qu’en traversant une foule de souverains qu’on rencontre dès l’escalier, ils ont perdu leurs montres ou leurs tabatières. Ce menu despotisme des mains offusque bien un peu le lumineux éclat de la sainte liberté.