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MONROSE


observe que les chairs extérieures se disposent enfin à la cicatrisation ; mais, prudent, il craindrait, en la favorisant trop tôt, de renfermer peut-être quelque principe destructeur ; il retarde donc, et jusqu’à ce qu’il soit absolument sûr de son fait, il entretient, au moyen d’un anneau d’or de forme ovale allongée, l’ouverture de l’ulcère fatal. Il résulte de ce soin une double cicatrisation : l’intérieure, qui met le sceau à la guérison de l’infortuné Nicetti, et l’extérieure, qui convertit en un bourrelet, modelé sur l’anneau d’or, les longs bords de la balafre. De là cette parfaite apparence d’une nature féminine au-dessous de la masculine. Celle-ci, grâce, soit à l’âge de l’opéré, soit à quelque reste furtif de ce qui recèle l’élément de la vie, conserve du moins, après cette cure, la précieuse faculté de croître avec le reste du corps, et le bien plus cher privilége de cette intéressante variation… Mais il est des choses qu’on ne peut entièrement définir. Bref, la maturité, l’exercice et surtout l’excessive lubricité de l’individu perfectionnent par la suite un don sauvé par miracle. La nature, cette admirable mère, dédommage par des affections particulières l’être charmant qu’on a si traîtreusement dégradé. Elle veut qu’il attire les deux

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