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MONROSE


sions, aux mêmes caprices, ont été avides de la beauté, sous quelque forme qu’elle s’offrît, et n’ont pas mieux demandé que de tomber, sans y regarder de si près, dans le piége des Nicettes. Croyons que mille individus chantés, célébrés en tant de lieux, et dont quelques-uns ont obtenu l’honneur de l’apothéose, n’ont été de leur temps ou que des victimes de cet art cruel qui conserve à l’adolescence quelques formes féminines au prix de la virilité, ou que de tolérants jouvenceaux qui, soit pliés par l’esclavage, soit façonnés par la dépravation de leur siècle, se sont rendus habiles à recevoir comme la nature les avait destinés à donner ; croyons que l’amour amphibie qui convoite ces êtres équivoques, leur a partout élevé, plus ou moins furtivement, des autels, et que, de la nécessité du désir de justifier des affections, un culte partout proscrits par les lois, est née la palliative chimère de l’hermaphrodisme.

Par la suite, j’ai voulu voir moi-même cette Nicette, dont il serait bien temps sans doute de s’occuper moins, mais j’aurai bientôt fait, cher lecteur, de te répéter ce qu’elle m’a conté de l’origine de sa double représentation.

Né d’une célèbre cantatrice de Rome et d’un monsignor, Nicetti, beau comme un ange, avait