Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/336

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
84
MONROSE


ture une conduite ridicule et cruelle ; enfin, que j’avais peut-être moi-même autant de tort avec Mimi qu’elle pouvait en avoir avec moi. Cependant je quittais bien lentement ma robe de chambre. La passionnée Mimi se hâte de m’en délivrer ; si je la laissais faire, elle arracherait ce qui fixe le vêtement que l’Amour déteste le plus. Séduit enfin, réenchanté par cette tendre impatience, je m’y conforme : derechef me voilà dans ce lit dont la jalousie et l’humeur m’avaient exilé. Je suis saisi, pressé, accolé, dévoré. « Ah ! me dit-on alors à travers mille baisers, que Mimi soit pulvérisée par la foudre, si elle a cru un moment t’offenser ! Quelle importance peux-tu donc attacher aux formes purement matérielles de l’amour ? Qu’est donc pour toi ce sentiment, ou cette fièvre, ou cette démence ? Est-ce de l’amour à ta manière que tu as pensé m’exprimer en me déchirant le cœur ! » C’était trop de questions à la fois pour que je pusse répondre : on continua.

« — Je crains, mon bon ami, de t’avoir fait trop d’honneur en supposant que je pouvais m’abandonner à toi sans nous être étudiés davantage. Mais, écoute ; connais-moi tout entière : tu sais ce que je vaux pour le plaisir ? Eh bien ! apprends que je me pique de valoir bien