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MONROSE


brûlant baiser, l’aveu de ma confiance absolue. Également honnête homme et n’étant pas moins dans le cas d’être vain à ma manière, je fis mes preuves à mon tour… « Dieux ! s’écrie-t-elle comiquement et tombant en adoration à la vue de ce que j’étalais. C’est bien la peine d’être beau comme un ange[1], quand on est assez fortuné pour avoir cela ! Je ne puis en croire mes yeux ! » En effet, elle y porte soudain ses deux mains jointes dans l’attitude de la ferveur ; un hommage plus pieux encore la courbe et met le comble à l’apothéose. Le saint faillit inaugurer fort à contretemps sa première niche ; heureusement on avisa soudain qu’il était temps de lui dédier un autre temple. Réfléchit-on en de pareils instants ! Serais-je assez ingrat pour rejeter les baisers d’une bouche qui ne vient d’être distraite que par un excès d’amour ! La mienne n’est-elle pas aussi coupable ! Elles se mordent, se dévorent, nos langues joutent, et tout se passant convenablement ailleurs, non sans quelque difficulté, d’abord nous sommes un, au même instant nous ne sommes plus !

« Malheur aux languissants mortels pour qui

  1. Chaque fois que Monrose, pour être plus vrai, tombait dans cette faute d’immodestie, je souriais, il rougissait ; mais le mot était lâché.