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MONROSE


combien la nature s’était plu à ce que cette femme fût singulière en tous points ! Elle avait d’étonnant que si la tête, le cou, les bras, le bas de la taille, les chevilles et les pieds étaient mignons, tout le reste offrait des potelures[1] enchanteresses. La jambe devenait moelleuse et ronde où elle cessait d’être fine ; la cuisse était un chef-d’œuvre ; sous un petit abdomen sans saillie, s’élevait un monticule dodu comme un chanoine, et non moins finement herminé. Le revers de tant de beautés ne peut pas mieux se décrire. Pardon, chère comtesse, si je vous fais tout ce détail ; mais moi-même, qui me serais fort bien dispensé pour lors de cette revue, toute délicieuse qu’elle était, j’avais été forcé de m’y soumettre. Mimi venait de passer d’un état trop suspect à celui de son actuelle perfection, pour qu’elle ne se fît pas un point d’honneur de ne me laisser aucune crainte. L’amour-propre et la probité la pressaient également de me faire toutes ces confidences ; elle poussa le scrupule jusqu’à vouloir que je visse de très-près de quel rose vif était désormais tapissé le sanctuaire des voluptés. Je n’obéis que pour lui faire, par un

  1. On dit bien, d’enflé, enflure : pourquoi pas, de potelé, potelure, quoique le mot ne se trouve pas dans le dictionnaire de l’Académie ? (Note de l’éditeur.)