à table à poste fixe : des raisons indispensables
avaient souvent dérangé les femmes ; les hommes
circulaient et faisaient aussi des retraites. On
se levait, on venait se rasseoir et l’on buvait
d’autant. À travers cette confusion, pour y voir
double on ne voyait pas mieux. L’adroite Colombine
aussi va faire le tour de la table ; elle
n’oublie pas de caresser en passant son cher
petit mari, quoiqu’il soit en tournoi d’impromptus
avec mademoiselle Nicette. À peine le
bon petit homme a-t-il été gratifié d’un iscariotique
baiser, que sa leste moitié disparaît
par une fausse porte. Je faillis ne pas m’en apercevoir.
L’instant d’après je me mouche, mais
je retombe aussitôt le nez dans mon mouchoir,
et je vais gagner l’issue publique. « Mauvais
signe, chevalier ! me crie le comte un peu gris.
Pour un soldat, vous ne savez pas boire. (Il
croyait tout de bon que je saignais.) Une autre
fois nous vous mettrons à la limonade ! »
« Je descends quatre à quatre : une porte de l’entresol bâille, j’y vois le joli museau de ma beauté ; j’entre ; aussitôt deux bons verrous me prennent sous leur sauvegarde… Nous volons au boudoir.
« … Enfin… enfin… chevalier ! me dit Colombine avec autant de baisers que de mots.