Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/294

Cette page a été validée par deux contributeurs.
48
MONROSE

friandises de l’hôtel des Américains[1]. Cinquante personnes de moyen appétit se fussent rassasiées de ce qu’on avait préparé pour douze. L’arrière-garde fit arriver, pêle-mêle avec les glaces, le malvoisie et le tokay, d’immenses jattes[2] de punch et de bischoff. C’étaient de véritables noces de Gamache. Pendant quatre heures que dura ce grand office en l’honneur de Comus et Bacchus, une harmonie[3], postée dans la pièce voisine et dirigée par le comte, donnait, selon les circonstances, du doux, du bruyant, de l’allègre ou du pathétique. — Eh

  1. Fameux magasin de comestibles, rue Saint-Honoré. Il s’y vend, en fait de chère, tout ce qu’on peut imaginer de plus sensuel, de plus rare et de plus coûteux. Un gourmand n’a pas moins de plaisir à lire le catalogue de ce qu’on trouve là, qu’un libertin à lire le Portier ou Thérèse philosophe.
  2. L’auteur n’a pas permis qu’on substituât le mot bols, maintenant consacré. Voici ses raisons : 1o  L’Académie n’a pas encore naturalisé deux ou trois cents mots nouveaux qui sont de précieux cadeaux de notre bonne amie l’Angleterre ; 2o  bol, dont le genre n’est pas irrévocablement fixé ; punch, qui se prononce ponche ; bischoff qui se prononce bichoff et qui signifie évêque, auraient fait à eux seuls toute une ligne en langue étrangère dans une histoire qu’on avait intention d’écrire en français.
  3. La nécessité des notes nous accable : harmonie veut dire ici concert d’instruments à vent, comme clarinettes, cors et bassons ; cette moderne dénomination n’empêche pas les voix et les instruments à cordes de faire aussi de l’harmonie.
    (Notes de l’éditeur.)