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MONROSE


laïde et Sylvina ! Elles exaltaient à la vérité ses appas, son esprit, sa grâce ; mais tant de c’est dommage que ceci, que cela, se mêlaient à l’éloge ! Ses plus cruelles ennemies n’auraient pu la dénigrer que comme on la louait. Elle parut : on courut vers elle ; on l’étouffa de caresses. Enfin, je vis entrer M. et madame de Moisimont, M. et madame Des Voutes (c’est l’autre couple provincial) ; avec eux une grande, grosse et robuste mademoiselle Nicette, aussi commensale de l’hôtel garni.

« Je ne dirai qu’un mot des maris. M. de Moisimont, bref, efflanqué petit-maître de robe, en avait encore toute la tournure, malgré son frac, son gilet des plus à la mode et son presque militaire catogan. Le bon Des Voutes, visage nébuleux, aussi sombre que son habit, ne montrait aucune prétention. Son appétissante moitié, fraîchement mise, Dodon, décelait quelques velléités d’élégance ; elle promettait. Quant à ma favorite Colombine, elle passait le but. L’Opéra n’aurait osé lui-même risquer le raccourci des jupes, la précoce transparence des vêtements et l’état de pleine liberté d’une gorge qui ne portait que pour la frime une double gaze de nuage tissu. Le moins caustique observateur, à la vue de ma nouvelle amante, n’aurait pu