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MONROSE


de quel bois se chauffe cette femme-là, qu’enfin j’ai devinée, je la vois déjà saisissant pour son objet l’occasion du premier tête-à-tête. Pardonnez-moi cependant, mon ami, si je vous fais observer quelque défaut de ressemblance entre la dame de Moisimont du souper de la consultation et celle du lundi-gras. Cette tournure, cette taille parfaite, ces traits fins, ces yeux brillants, ces formes rebelles qui décoraient, au bal, la spirituelle Colombine, rien de tout cela, si je m’en souviens bien, ne distinguait la provinciale Moisimont lorsque vous me l’avez présentée pour la première fois ! — L’observation est juste, ma chère Félicia ; de même, le Monrose du souper de la barrière Blanche n’imaginait rien de beau, de désirable, de divin au monde, que mesdames de Belmont et de Floricourt. La Mimi d’alors, pâle, verdâtre, aux joues creuses, à l’œil terne, et se montrant, avec ses accoutrements de province, à côté de deux petites-maîtresses qui m’avaient ensorcelé, cette Mimi n’était rien pour moi : je ne pus être frappé que de ses ridicules ; mais lorsqu’enfin je la revois tout à fait nouvelle, au point parfait du plaisir, animée de grâces et de goût, dardant le désir, et visiblement folle de cette folie contagieuse après laquelle courent