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MONROSE


ner pour un objet qu’on n’a point vu[1], je ne connais rien d’aussi sot que de se marteler l’esprit pour lui rimer des sornettes. Je vous écoute : allez. — Trois semaines plus tard, il y eut un nouveau message, sans poésie pour le coup. « Chevalier, me mandait-on, si vous aviez le temps de vous promener demain matin, à cheval, sans suite, et vêtu comme la nuit du bal, vous rencontreriez, soit aux Champs-Élysées, soit au bois de Boulogne, une amazone verte et rose, chapeau noir emplumé de blanc, et montée sur un cheval isabelle. Il dépendra de vous, chevalier, de saisir cette occasion de savoir enfin ce que c’est que Colombine. »

« Je suis en tous points exact, et me trouve de bonne heure sur la route indiquée. À peine ai-je fait cent pas au-delà de la porte Maillot, dans l’allée du bois, que j’aperçois d’assez loin sept ou huit personnes à cheval. Soudain une amazone aux couleurs du billet se détache à toute bride, passe comme un trait, me rase et dit gaiement : « Des deux à ma poursuite !… » Je tourne, et, rendant la main, je m’envole avec

  1. Ici Félicia nous paraît bien sévère, elle qui s’était si bien oubliée dans un fiacre, au profit d’un polisson ! (V. sa quatrième partie, chapitre III.) Mais, maintenant elle a quelques années de plus, et beaucoup de folies de moins. (Note de l’éditeur.)