j’ai voyagé seul. — Non, non, beau chevalier,
tu voyageais avec deux belles, et qui t’ont fait
voir bien du pays, ma foi ! Oh ! nous savons
tout… tout ! » J’examinais en tout sens ma jaseuse
qui, ne s’opposant à rien, semblait braver
ainsi le danger d’être reconnue. Les ouvertures
du masque, fort élargies, lassaient briller en entier
de grands yeux vifs et fripons ; le tour du
visage était fin et séduisant. Le rire, libre dans
une mentonnière mobile, découvrait à demi des
dents parfaitement rangées et du plus bel émail.
Mais rien de tout cela ne me rappelait quelqu’une
de mes connaissances : on ne peut être
plus intrigué que je l’étais. On ajouta : « Tu
n’as pas fait route avec les jolis chevaux de la
cousine ? Ils sont si frais ! si dodus ! tandis que
toi… (on me considérait en riant.) Oh ! cela va
mieux maintenant ; mais tu me fis compassion
la première fois que je te vis… à la foire… tu
sais bien ? » Effectivement j’allai à la foire le
jour de mon retour prétendu : je demeurais
muet à force de me creuser la tête. « À propos,
poursuit-on, montre-moi ta main… l’autre…
Comment, monsieur, vous n’êtes pas plus galant
que cela ! Pourquoi ne vous vois-je point
cette jarretière de cheveux blonds liserée de
cheveux noirs ?… Sont-ce bien des cheveux,
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MONROSE