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MONROSE


effusion d’actions de grâces, je sens bien que quelque chose s’ajuste à l’un de mes doigts ; mais ce peut être un jonc, une bagatelle, à laquelle même on ne veut pas, ce me semble, que j’aie l’air de faire attention. C’est, deux heures plus tard, au balcon de l’Opéra, que la clarté de la rampe fait, à mon grand étonnement, étinceler une bague dont la valeur me cause d’abord quelque scrupule. La voici. »

Le hardi consolateur me fait voir un solitaire de la plus belle eau, profond, et qui pouvait bien valoir au moins douze mille livres.

« Renvoyer ce bijou, continua-t-il, c’eût été mortifier madame Popinel. Je l’ai gardé pour l’amour d’elle ; c’est sur lui que mons Saint-Lubin avait bien osé jeter son dévolu pour une impure dont les premières bontés ne m’avaient coûté qu’un souper. N’ai-je pas dû bénir le ciel qu’un trop heureux quiproquo m’ait tout à la fois délivré du traître abbé, de l’épouseuse Popinel et de toute une clique où madame de Folaise seule, à cause de l’ancien passé, conserve quelque part aux regrets de mon imprescriptible reconnaissance ! »

Le ton léger et fat qu’on avait affecté dans le récit de cette dernière aventure m’avait déplu ; je voulus ainsi le rabattre : « Or, dites-moi,