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MONROSE


toute la trame du complot de me tirer, comme on l’articulait, une plume de l’aile. L’insolent billet finissait par ces mots familiers : « Si tu peux lui persuader que tu l’adores, et que jamais qui que ce soit ne t’a… (je vais changer un mot par décence) servie comme lui, tu peux compter que j’accrocherai pour toi le solitaire, et, Dieu aidant, peut-être jusqu’à son dernier écu. Joue bien ton rôle ; je réponds du mien. Adieu, friponne. »

« Outré de me voir ainsi traduit en ridicule, et devinant que le perfide écrivain ne se montrerait plus chez moi, puisqu’il ne pouvait ignorer longtemps sa bévue, je me mets à le chercher de tout mon pouvoir. Le troisième jour enfin je le rencontre sortant de chez Nicolet, son théâtre de prédilection, où d’ailleurs il savait qu’on ne me voyait presque jamais. Le drôle, à ma vue, qui le foudroie, veut se jeter dans un café ; je le préviens, l’atteins, et comme je n’ai ni l’envie, ni le loisir de m’expliquer, je lui détache, de ma canne, une douzaine de coups bien assénés. Cent témoins de cette expédition[1] ne font qu’en rire ; plus d’une voix murmure : « C’est Saint-Lubin : on fait bien ;

  1. L’ancien régime subsistait et cette bâtonnade n’était point alors un crime de lèse-majesté. (Note du même.)