de votre Saint-Lubin, acceptant toutes les parties
qu’il vous propose, et répandant en petite
pluie votre finance à tout propos. Je vous vois
tantôt écouter avec sensibilité le récit du malheur
de la petite Jenny, tourmentée par un hôte
inexorable, qui va faire vendre chez elle demain,
si elle ne s’acquitte pas d’un double terme
échu ; tantôt donner dans le conte qu’on vous
fait de Fanfan, si triste à votre dernier souper,
parce qu’on doit lui présenter sous trois jours
une maudite lettre de change, pour le paiement
de laquelle il lui manque le premier écu ! Et
puis l’on vous confie qu’à l’occasion de votre
fête, — mais c’est un secret qu’il vous est bien
recommandé de garder, — la délicate Victorine
passe toutes les nuits à vous broder un gilet
délicieux : il est vrai que la veille on achètera
pour vous quelque garde-boutique que vous
aurez pourtant la politesse d’admirer ! Ou bien,
voulez-vous avancer d’une manière très-galante
la jouissance de cette charmante d’Ainville qui
ne parle que de vous ? Son vis-à-vis est tout
prêt, mais le sellier est intraitable. Cautionnez-la
secrètement chez cet homme pour les deux
mois que son Américain doit encore passer à
Bordeaux ; on vous garantit de bien doux intérêts
de votre prêt idéal !… Cependant, gare l’é-
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MONROSE