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MONROSE

« Sais-tu bien, ma chère Liesseval, que ce rodomont s’est donné cette nuit les airs de me faire sept chapitres complets de ce qu’il avait à me dire ? — Je le crois fort éloquent, répondit assez tranquillement la petite baronne. — Mais, c’est qu’en vérité ce n’était point du verbiage : on ne peut haranguer plus solidement. — J’en suis certaine, et je sais de plus qu’en vous quittant, il était encore fort en état de haranguer qui aurait eu la complaisance de lui prêter l’oreille, — Que voulez-vous dire ? — Ne m’avez-vous pas fait ce matin la faveur de m’envoyer M. de Kerlandec[1] à l’heure du déjeuner ? — C’était pour vous prier de ma part de venir me joindre : il avait marqué le désir de vous saluer, et de vous offrir la main… Vous me faites penser que ce message n’a pas été bien prompt. — Il l’eût été davantage si j’en avais cru M. votre neveu. Vous étiez, disait-il, très-pressée de me revoir ; cependant, comme par l’étourderie de Rose, qui avait oublié je ne sais quoi d’indispensable, je me trouvais seule (en chemise et sous le rideau de mon lit pour tout rempart), à la merci de votre fringant ambassadeur, il lui a pris soudain une forte ten-

  1. Nom de famille de Monrose.