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MONROSE


point la double mine creusée sous mon galant intérêt ; je sentais qu’il était délicat à moi de prendre vite un milieu convenable entre l’incivilité d’une retraite trop précipitée et l’indiscrétion d’un trop long séjour. En un mot, également incapables tous trois d’éteindre brusquement le flambeau, nous pouvions du moins hâter le ravage de la flamme, afin qu’il fût plutôt consumé. Huit jours… — Quels jours ! ma chère Félicia ! Fut-ce un songe ? Non : je me souviens trop bien qu’ils ont existé. N’étais-je alors qu’un homme ! Étais-je un dieu ! — Huit jours plongé dans les perpétuelles délices de ma double possession ! Huit jours enivré, comblé de toutes les voluptés de l’amour et du caprice ! Huit seuls jours au bout desquels enfin le nec plus ultrà de mon triomphe était de voir les amies, pour le coup un peu jalouses, se disputer les restes de mes expirantes facultés : tel fut le cercle étroit mais brillant de ma félicité suprême. N’était-il pas bien piquant pour mon amour-propre que la dernière nuit dont je devais jouir entre mes deux Vénus, elles se partageassent mes longs cheveux, les entortillant chacune autour d’un bras, de peur que pendant le sommeil de l’une, je ne pusse la frustrer en me livrant furtivement à l’autre avec quelque iné-