Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/221

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
196
MONROSE


vie. Lebrun, avec plus de morale, et qui se pique d’une autre manière de m’aimer, profitait politiquement de toutes les lumières qu’il pouvait acquérir, se flattant que ses rapports, appuyés de fort éloquentes remontrances, me détacheraient bientôt de mes galantes hôtesses. C’est ainsi qu’en dépit de moi le bourreau déchirait avec suite un bandeau que j’aimais à porter. J’avais beau jurer contre l’impertinent historien, lui prescrire le silence, le menacer, le chasser en un mot, il me répondait, avec un sangfroid désespérant, que lui seul pouvait se chasser d’auprès de moi, quand il sentirait m’aimer moins et m’être moins nécessaire ; mais que tant que j’aurais, comme il le voyait, le mors aux dents, et que, lui, pourrait demeurer maître de la bride (je vous cite ses termes), mes hauts-le-corps et mes ruades ne viendraient point à bout de désarçonner son flegmatique attachement.

« Honnête et rare créature ! Quelle faute j’eusse commise, ma chère comtesse, en éloignant de moi cet incomparable serviteur, à qui bientôt après je devais avoir obligation des plus insignes services ! »