vie. Lebrun, avec plus de morale, et qui se pique
d’une autre manière de m’aimer, profitait
politiquement de toutes les lumières qu’il pouvait
acquérir, se flattant que ses rapports, appuyés
de fort éloquentes remontrances, me détacheraient
bientôt de mes galantes hôtesses.
C’est ainsi qu’en dépit de moi le bourreau déchirait
avec suite un bandeau que j’aimais à
porter. J’avais beau jurer contre l’impertinent
historien, lui prescrire le silence, le menacer, le
chasser en un mot, il me répondait, avec un
sangfroid désespérant, que lui seul pouvait se
chasser d’auprès de moi, quand il sentirait
m’aimer moins et m’être moins nécessaire ;
mais que tant que j’aurais, comme il le voyait,
le mors aux dents, et que, lui, pourrait demeurer
maître de la bride (je vous cite ses termes),
mes hauts-le-corps et mes ruades ne viendraient
point à bout de désarçonner son
flegmatique attachement.
« Honnête et rare créature ! Quelle faute j’eusse commise, ma chère comtesse, en éloignant de moi cet incomparable serviteur, à qui bientôt après je devais avoir obligation des plus insignes services ! »