les outrages faits à la candide Lucette, à qui
d’ailleurs le sang accordait tant de droits. Que
ne se borna-t-il, cet homme criminel, à donner
tout son bien ! Mais un imprudent scrupule lui
fit aussi révéler à sa future héritière tous les
honteux secrets de son origine et de ses premières
amours. Cependant la cynique aïeule
vivait encore. Elle tenait à tout. On s’employa
pour procurer à Lucette un époux. On trouva,
sans beaucoup de peine, un gentilhomme aussi
pauvre d’honneur que de biens et de préjugés,
qui, sachant très-bien qu’il allait épouser une
bâtarde enceinte, ne laissa pas de vendre son
nom pour vernir la mère et le futur enfant. Au
surplus, on ne fit point à cet homme la dangereuse
confidence des mystères plus particuliers
de la généalogie de son épouse : il l’avait prise
comme fille naturelle de gens de qualité. La
dot était considérable et comptant, ce que Crispin
rival reconnaît judicieusement être préférable,
étant plus portatif. En effet, l’incestueux
beau-père et beau-frère n’eut pas plutôt fermé
les yeux, que M. de Belmont voyagea, gaspilla,
joua, ruina sa malheureuse bienfaitrice, et la
rendit plus malheureuse encore par des procédés
brutaux et par d’indignes reproches. Lorsque
tout fut au pis, il convint à M. de Belmont de
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MONROSE