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MONROSE


mière fois que je lui permis l’exercice de son ancien privilége ! Pardon, cher d’Aiglemont, si vos brillants services, dont je conservais un reconnaissant souvenir, perdirent tout à coup à mes yeux les trois quarts de leur lustre, comme la plus brillante étoile pâlit au lever du soleil. Six ans d’une abstinence totale, qui ne peut guères être expliquée que par le concours des circonstances stériles pour la volupté dans lesquelles Monrose venait de vivre, l’avaient tellement conservé, mûri, trempé (l’expression n’est point hyperbolique), que je ne concevais pas, moi si familiarisée avec les perfections de l’espèce virile, comment aux traits enchanteurs, aux formes délicates d’Apollon, pouvait s’être adapté, comme exprès pour compléter un chef-d’œuvre, le plus désirable attribut de l’amant d’Omphale, ou plutôt celui qui caractérise le dieu de Lampsaque, cet épouvantail, en un mot, dont tous les monuments antiques nous affirment que notre sexe, si frêle, affrontait volontiers la brutalité, faisant grâce d’ailleurs à la laideur du dieu, pareillement consacrée. Qu’on juge de ce que devait être Monrose, quand mille beautés n’étaient, chez lui, démenties que par une monstruosité de ce mérite.

Lorsqu’il fut question de renouveler con-