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MONROSE


amusements, libre, entourée, sans argus qui veillât sur sa conduite, sans qui que ce fût de sensé qui pût, au besoin, prévenir ses étourderies, ou la mettre sur la voie des louables habitudes. À seize ans, Mimi savait tout, et parlait de tout ce qu’une demoiselle doit faire du moins semblant d’ignorer. Les lectures fortes en tout genre lui étaient familières. Très-jolie, ayant de la grâce, musicienne, danseuse distinguée, elle ne pouvait manquer de faire des passions. Tous ces galantins d’une ville de province qui n’ont autre chose à faire qu’à soupirer en vers, en prose, pour une Iris, étaient couchés sur sa liste. Mimi, hère et même hautaine (c’est son malheureux défaut), n’avait garde de favoriser aucun de ses amants ostensibles : leur servage alimentait sa vanité. Sa rigueur, à travers tant d’occasions d’être faible, lui faisait, dans sa province, une réputation. Mais on n’a pas impunément dix-huit ans enfin, la tête pleine des plus chatouilleux romans, et le cœur électrisé par une cohue d’adorateurs, dont plusieurs, abjurant le sentiment, attaquaient avec de plus sûres armes ! Le mezzo-termine que Mimi choisit entre son orgueil et ses secrets désirs, fut de se donner Vanidor, pour lors acteur d’une troupe qui chaque hiver se fixe dans la ville où demeurait