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MONROSE


ment, elles voulussent bien me mettre tout à fait à mon aise en ne se gênant aucunement avec moi. J’obtins donc qu’elles ne se privassent point du spectacle.

« Il me vint une idée, c’était d’engager ces dames à permettre que, ne voulant point dîner comme un homme bien portant, je feignisse d’avoir fait le matin une chute de cheval, d’être saigné et de vouloir observer scrupuleusement une diète ordonnée. Elles comprirent en effet que c’était un bon moyen pour dérouter absolument d’Aspergue, qu’il s’agissait d’ailleurs d’occuper de tout autre chose que de ce qui pouvait m’être relatif.

« À dîner, quoique d’abord on traitât d’Aspergue avec une assez naturelle familiarité, le pénétrant personnage ne laissa pas de paraître intrigué de je ne sais quel air de contrainte et d’humeur dont par degrés les amies cessaient de se rendre maîtresses. Floricourt surtout décelait par moment une impatience expressive :

    nables la satisfaction de pouvoir se dire : « D’atome je suis devenu roi. J’ai droit de vie et de mort sur quiconque n’est pas en tout point de mon sentiment. Vive le nouvel âge ! Bâillons, jeûnons, et régnons d’autant, et quand le temps nous durera, tuons et mangeons quelques rois, nos égaux. Cela ne laisse pas d’être récréatif ! »