Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
MONROSE


obligé de se trouver, le punirent de cette ardeur hors de saison ; mais, comme il ne lui est resté de ces honorables blessures que des cicatrices qu’on ne voit point, et qui n’ont pas privé son adorable figure du moindre de ses agréments, il est aujourd’hui démontré que mon intrépide neveu fut très-bien inspiré lorsqu’il s’exposa de la sorte.

Peut-être avec le temps fût-il devenu célèbre par ses exploits belliqueux, mais la paix enchaîna son courage. Il revint en France, où les myrtes du plaisir devaient bientôt succéder sur son front aux lauriers de la gloire. C’est cette douce transition qui me vaut aujourd’hui l’honneur d’être l’historienne de mon enfant gâté ; car, n’entendant rien à chanter des prouesses martiales, je me sens, au contraire, autant de facilité que de vocation à célébrer celles qui sont de mon ressort.

Est-il nécessaire, cher lecteur, de vous dire que Monrose revint de là-bas avec un petit aigle d’émail[1] pendant au bout d’un ruban bleu de ciel liseré de blanc ?… Pourquoi non ? bien que cette décoration militaire soit absolument étrangère aux attributs galants d’un

  1. L’ordre de Cincinnatus.