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MONROSE

« Miséricorde ! mes pauvres chevaux, qui n’étaient pas rentrés depuis cinq heures du soir ! las ! affamés ! Quel crime avaient-ils commis pour que cette antique bégueule les condamnât à faire ainsi, par un temps détestable, une grande lieue de plus ! Et je voyais, pour que j’enrageasse mieux, ce damné de Saint-Lubin, souriant derrière la noble haquenée, avec l’air de me complimenter ironiquement : alors je ne connaissais point encore ces défaites de roués, au moyen desquelles on peut avoir l’impertinence d’éluder une reconduite peu désirable. Personne ne venait à mon secours, pas même l’amoureux Moisimont, qui, ce me semble, aurait bien dû se ménager la jouissance de posséder sa dulcinée sur ses genoux dans le fameux remise, en cinquième ; mais le sort ordonnait ainsi de ma disgrâce. Je m’armai de courage et la bouillotte durant encore, je partis, me chargeant de la fatale madame de Flakbach… Vous souriez ? — C’est que tout à l’heure il va se trouver que je connais encore cette femme-là ! Continuez cependant : la suite m’apprendra si j’ai deviné juste.

« Nous allions, et mettant à profit la levée de bouclier que cette pointilleuse femme avait trouvé bon de faire sur le remuant Saint-Lubin,