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MONROSE


on ne s’est cependant aperçu de rien pendant le repas ! Quel pouvait donc être le secret de cette inconcevable aventure ? quelle convenance avait décidé qu’un très-laid docteur se rencontrerait avec une catin, dans une maison tierce où ni l’un ni l’autre n’avaient encore paru, le tout afin qu’il y eut un éclaircissement dont le résultat fût, pour l’infortuné docteur, la nécessité de reprendre un vilain mal, qu’ailleurs il aurait eu la fortune d’inoculer ? Telles étaient nos réflexions. Il n’y avait que d’Aspergue qui pût fournir le mot de cette confuse énigme.

« Au bout de dix minutes celui-ci reparut, ayant sur le poing Mimi de Moisimont chiffonnée, décoiffée, le regard mi-parti de tempérament et d’ivresse, mais ne paraissant pas s’embarrasser de tout cela. D’Aspergue, d’un ton préparé, nous annonça qu’après une consultation savante, et dont la malade avait lieu d’être pleinement satisfaite, le docteur venait de s’échapper, devant prendre la poste à la pointe du jour pour d’autres consultations à faire en province. Il avait maladroitement imaginé, disait d’Aspergue, que ces dames s’étaient retirées pour ne plus reparaître ; en conséquence, il partait sans avoir eu l’honneur de les saluer, mais il priait qu’on les assurât de son respect et de