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MONROSE


d’elles, qu’elles sans doute à se plaindre de moi. — Je vous écoute.

« Je n’eus pas plutôt pris possession de l’attrayante blonde, que, l’enlevant toute pâmée de dessus les genoux de la brune, je marque le plus fougueux dessein d’assurer également mes droits sur celle-ci. Madame de Floricourt, souriant de son danger, veut s’échapper ; mais avant qu’elle n’ait saisi le bouton du verrou, j’enjambe une chaise qu’en badinant elle vient de placer comme un rempart entre nous ; assis et attaquant l’équilibre de ma nouvelle proie, je le lui fais perdre ; elle tombe de ça, de là, sur moi, dans une position décisive, qui ne peut au surplus la désobliger, aux termes où nous en sommes, et à laquelle plutôt il me semble qu’elle sait se prêter fort adroitement. Je trouve pourtant un léger obstacle qui cause entre nous quelque débat. « Belmont est encore dans le néant du bonheur, elle ne voit rien ; il serait cruel de l’arracher aux délices de son extase ; saisirons-nous ce moment pour consommer à son insu ce qu’elle-même n’a souffert qu’avec l’attache de son amie ? » Vain scrupule, vétilleuse objection de la délicatesse de Floricourt, quand déjà ses sens la démentent ; quand je suis absolument le maître ; quand mes baisers pas-