Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/145

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
MONROSE


de quoi me voir grondé, car ce que j’ai fait à son occasion est peut-être la meilleure action de ma vie. — Contez-moi cela. — Fille d’un honnête particulier sans fortune, et mariée depuis trois ans avec un riche barbon, la piquante Salizy, vaine de sa taille, telle qu’on en voit peu d’aussi parfaites, négligeait, à cause d’elle, la sage précaution de se faire faire un enfant, ou plutôt, fuyant les hommes et folle de son sexe, elle avait cauteleusement évité, jusqu’à moi, les moindres hasards qui pussent l’exposer à devenir mère. Cependant coquette à l’excès, dévorée de mille désirs que l’impuissant palliatif des caresses féminines ne faisait qu’irriter ; plus hardie enfin, et successivement arrangée avec plusieurs hommes tous éperdus, tous bercés d’espoir, tous d’autant mieux martyrisés, que toutes les faveurs imaginables, excepté la suprême, leur avaient révélé combien, sans celle-ci, leur fortune demeurait incomplète ; Salizy, dis-je, après tant d’escarmouches, se glorifiait encore de posséder ce que, lors de son mariage, elle savait très-bien ne pouvoir être emporté par son époux invalide… Je vins enfin : j’eus le bonheur de démonter un capricieux système ; en un mot, je triomphai, sous le serment, il est vrai, de ne pas user sans