de quoi me voir grondé, car ce que j’ai fait à
son occasion est peut-être la meilleure action
de ma vie. — Contez-moi cela. — Fille d’un
honnête particulier sans fortune, et mariée
depuis trois ans avec un riche barbon, la piquante
Salizy, vaine de sa taille, telle qu’on en
voit peu d’aussi parfaites, négligeait, à cause
d’elle, la sage précaution de se faire faire
un enfant, ou plutôt, fuyant les hommes et
folle de son sexe, elle avait cauteleusement
évité, jusqu’à moi, les moindres hasards qui
pussent l’exposer à devenir mère. Cependant
coquette à l’excès, dévorée de mille désirs que
l’impuissant palliatif des caresses féminines ne
faisait qu’irriter ; plus hardie enfin, et successivement
arrangée avec plusieurs hommes tous
éperdus, tous bercés d’espoir, tous d’autant
mieux martyrisés, que toutes les faveurs imaginables,
excepté la suprême, leur avaient révélé
combien, sans celle-ci, leur fortune demeurait
incomplète ; Salizy, dis-je, après tant d’escarmouches,
se glorifiait encore de posséder ce que,
lors de son mariage, elle savait très-bien ne
pouvoir être emporté par son époux invalide…
Je vins enfin : j’eus le bonheur de démonter un
capricieux système ; en un mot, je triomphai,
sous le serment, il est vrai, de ne pas user sans
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MONROSE