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MONROSE


possible qu’un aussi galant homme n’ait pas infiniment de talent. — J’allais, répliqua d’Aspergue avec autant de mystère, vous proposer de prendre au bond cet habilissime ; mais il faudrait lui dire un mot dès ce soir… — Moi ! monsieur, non sûrement ! — Je ne dis pas vous, madame, mais moi, de votre part. Sachez qu’on se l’arrache, qu’il est à tout moment hors de Paris, et que d’un mois peut-être nous ne trouverons plus une occasion aussi favorable. » Madame de Moisimont s’était laissée surprendre à la douce trahison du champagne ; sa tête était envaporée. Dans un premier mouvement, elle donna carte blanche à d’Aspergue, qui, de peur que la permission de s’ouvrir pour elle au docteur ne fût révoquée, se hâta de se mêler à d’autres entretiens.

« Pendant que ces dispositions s’étaient faites à petit bruit, d’autres intérêts avaient occupé les autres convives. M. de Moisimont, romanesque et vain par nature, épris surtout de la qualité, s’était brusquement passionné pour les beautés surannées de madame la baronne de Flakbach. Celle-ci, que depuis cinq ou six ans la galanterie offensive laissait parfaitement en repos, n’avait eu garde de mal accueillir un sémillant céladon qui se jetait à sa tête ; tout près