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MONROSE


gers ; l’autre, un ecclésiastique mondain, aussi décoré d’un ruban et d’une étoile en broderie. Le parieur était un mince et long jeune homme, à la physionomie blême…

— Eh bien ! voilà que je connais encore ces trois personnages ! L’homme aux cordons est un chargé d’affaires, un pensionnaire de plusieurs petits princes d’Allemagne qui, n’ayant en particulier ni assez d’intérêts politiques, ni assez de revenus pour que chacun puisse entretenir à Paris un envoyé, se cotisent et font un sort à un seul conseiller intime, auquel, bien entendu, chacun de ses commettants attache sa petite marque distinctive. Quant à l’ecclésiastique étoilé, c’est tout de bon un seigneur, et même un aimable. Je gage qu’il perdait à la partie de piquet, car le petit plénipotentiaire est grec ! — Vous êtes sorcière, je crois ! La partie était fort chère ; l’abbé jouait du guignon le plus marqué ; et même, à travers les politesses qu’il ne manqua pas de faire à nos dames quand elles rentrèrent, il ne put s’empêcher de laisser percer de l’humeur. — En voici la raison : cet homme a la passion du jeu de commerce, et se pique d’y être fort habile. Il perd fort noblement avec ses égaux ; mais je le connais assez vain pour qu’il se trouvât peut-être humilié de