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MONROSE

« Après s’être assez amusé de ma sollicitude, tout en voyant le monde se répandre, en me nommant ceux-ci, en me faisant des contes sur ceux-là, mon égrillard me dit enfin : « Mais, chevalier, pour un homme qui paraissait si pressé de voir les personnes que nous attendons, vous marquez bien peu d’envie de savoir qui elles peuvent être ! » Cette question accrut encore mon embarras. J’avais été vingt fois sur le point de l’interroger, mais j’avais l’enfance de croire qu’il n’aurait pas aussi finement mesuré toute l’étendue de ma curiosité. « Je dois, lui répondis-je, supposer, d’après votre éloge, que nous verrons des dames fort aimables : qu’ai-je besoin d’en savoir plus ? — Il est bon cependant que je vous prévienne de ce qu’elles sont : n’allez pas vous croire ici avec des Adélaïde ! L’une, jeune blonde, est l’épouse d’un certain M. de Belmont, officier employé à Saint-Domingue, lieutenant du roi, je crois, commandant, quelque chose comme cela ; l’autre (elle est brune celle-ci), c’est madame de Floricourt, séparée d’un orang-outang qui végète en province, bon gentilhomme sans aucun lustre. Ces dames, à qui, d’après leur manière de vivre, on doit supposer de la fortune, sont à Paris sur un grand ton, sans prétendre cependant à la qualité. Vous