que la supercherie du prince eût pu faire
du tort à personne. Il ne faut cependant
pas qu’Edmond, en apparence si magnifique
sans qu’il lui en coûte un sou du
sien, se flatte de captiver par ce trait la
luxurieuse baronne. L’heureuse fortune qui
vient d’arriver à celle-ci ne ferme point son
cœur à l’humanité qui lui est si naturelle.
Son premier soin est de chercher l’infortuné
tailleur ; elle le trouve, le console, et
lui offre, à titre de prêt, tout son comptant
pour qu’il revienne tenter le sort ; mais il
jure, lui, que de ses jours il ne taillera.
Cependant il ne refuse pas d’écouter les
douces raisons que la beauté daigne opposer
à son prétendu désespoir : il se laisse
persuader qu’il faut vivre, et pour qu’il y
reprenne un peu de goût, on le comble des
plus intimes faveurs auxquelles est encore
ajouté le bienfait de l’une des plus belles
pièces de ses dépouilles supposées. Comme
le bien est doublement beau quand il est
fait secrètement, la baronne a si bien pris
ses mesures qu’Edmond la cherche vainement
partout : elle est introuvable ;… mais
au bout d’une heure elle reparaît…
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LES APHRODITES