Je crois bien la valoir, moi ; cependant je te
jure qu’un homme quelconque, pourvu
qu’il soit sain de corps et qu’il n’ait point
de mauvaises odeurs, pourra m’apporter tel
visage que la nature aura trouvé bon de lui
départir, et me trouvera toujours inaccessible
aux petites répugnances. Disons la vérité,
ma chère Célestine : tout homme qui
passe vingt-cinq ans n’est-il pas, comme
visage, assez communément laid ? Ces traits
marqués, cette barbe, ces muscles, ces détails
prononcés qu’on nomme belles proportions,
qui donnent l’air mâle, avoue que
tout cela n’est beau que par convention
d’abord, et puis surtout par comparaison.
Que m’importe, à moi ? je ne vois dans un
homme que la mécanique nécessaire à faire
végéter et se mouvoir ce dont toi et moi
faisons tant de cas[1]. Ce bon morceau,
qui fait l’homme, n’est, pour moi du moins,
que comme la chair de ces pâtés renommés
dont la croûte n’est nullement prisée.
Célestine. — Je ne suis pas de ton indif-
- ↑ Ce principe est un peu dur, et mademoiselle Fringante nous y donne l’idée d’une étrange espèce d’égoïsme.