sommeil, et lui ont attaché la barbe après
la queue de son cochon. Pour lors, ils ont
éveillé les deux amis. Le saint aussitôt se
prosterne et se met en prière, mais l’infâme
Belzébuth, se bouchant le nez à tout événement,
abuse de l’attitude, et l’imprudent
Antoine est impitoyablement traité comme
le jeune secrétaire d’un cardinal. En même
temps, madame Belzébuth, faisant face,
vient d’enjamber le cochon qui prenait son
élan. De l’aventure, le défloré solitaire se
trouve horriblement tiraillé par sa sainte
barbe. Il a toutefois pour consolation la
faveur de baiser, s’il peut y prendre goût,
l’énorme, noir et brûlant anneau de mariage
du roi des damnés. Il faut endurer cette
permanente accolade, sous peine de perdre,
le saint son poil, le cochon sa queue. Le
moment de la double infamie des époux
infernaux et du vain effort du cochon est
celui qu’a choisi le sculpteur. Ce bas-relief
est un chef-d’œuvre d’exécution et de caractère[1].
Le vicomte n’avait pas encore vu ces
- ↑ Les trois descriptions qu’on vient de lire sont
copiées mot à mot du journal de monsieur Visard.
(Note du Censeur.)