pas survenus assez tôt pour être témoins
des derniers instants du malheureux
Scheimpfreich. À peine Eulalie était-elle
arrivée qu’une crise, causée sans doute par
le choc de plusieurs sentiments contraires
et violents, avait annoncé la fin prochaine
du malade. Il n’avait pu baiser que bien
passionnément la main de la baronne et
lui dire : “ Je vous vois, vous êtes vengée, je
meurs heureux !… „ À ces mots, il avait
rendu le dernier soupir. Quelques larmes
qui faisaient bien de l’honneur au cœur de
la baronne s’étaient échappées de ses
beaux yeux, mais elle n’avait pas donné des
marques d’un attendrissement plus faible.
Quand le prince et madame Durut arrivèrent,
elle était calme ; après les premiers
propos que comportait la circonstance, elle
leur dit : “ Cet homme m’était odieux ; victime
de sa faute, il m’a touchée, et je pourrai
désormais me souvenir de lui sans aigreur. „
Quant aux dispositions du défunt, la baronne
rejeta bien loin ce que le prince avait
cru devoir déclarer. “ Qu’il me connaissait
mal ! dit-elle avec dédain. Que sa famille
profite de toute cette riche dépouille : y
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LES APHRODITES