sur les lieux, n’avait pas pris mesure sur ces
délais. Bientôt la moitié des cultivateurs de
la vigne du Seigneur ne put plus y travailler.
Quelques élus, surabondamment pourvus
des ressources de la grâce, avaient beau se
piquer de soutenir seuls tout le poids de la
corvée, je ne tardai pas à m’apercevoir que
la guerre offensive se refroidissant, Satan
respirait et reprenait enfin le dessus. Moi,
pour lors, comme je comptais sur l’indulgence
du Saint-Père qui n’aurait probablement
pas manqué de m’être favorable, je
me crus permis de chercher dans le monde
des secours que la charité me défendait de
m’obstiner à ne vouloir recevoir que de
l’Église. Je ne me dissimulais point que
mon âme se souillait de cette manière ;
mais le Saint-Père pouvait et devait sans
doute tout réparer. Au surplus, je reconnus
bientôt que quatre mondains ne peuvent
pas contre le diable ce que pouvait un seul
de mes religieux. J’aurais été bientôt réduite
aux derniers expédients, si je ne m’étais
avisée enfin que Paris, si fécond en ressources
de tout genre, devait en avoir aussi
d’infinies pour mon objet. Je t’écrivis, tu
m’encourageas, à l’instant je fus décidée…
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LES APHRODITES