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LES APHRODITES

Madame de Montchaud. — Lui et bien d’autres ! rien n’était plus vrai. Voici comment la chose arriva. Dévote consommée, et enfin carmélite à dix-neuf ans, je ne pus, comme tu dois le savoir, demeurer au couvent, à cause de certaine affection mystique qui me donnait une célébrité dangereuse. Toutes nos sœurs n’attribuaient pas, aussi pieusement que moi, au ciel, des crises, des extases absolument naturelles, qu’on m’enviait plutôt qu’on ne les admirait. Bref, on me renvoya. La Providence fit alors trouver sous la main de mon père l’honnête homme qui devint mon mari. (Elle s’attriste.) Le pauvre ami !… nos deux choses étaient bien faits pour vivre ensemble. Le sien faisait régulièrement ses quatre repas, et quand il prenait encore fantaisie au mien de l’inviter, il ne se refusait pas de faire, à l’extraordinaire, quelque petite collation. C’était une vraie bénédiction du ciel.

Madame de Valcreux. — Tu n’avais pas envie, à ce que je vois, de laisser à ton époux assez d’appétit pour qu’il pût manger en ville.

Madame de Montchaud. — Aussi n’en