point tout ce dont je m’étais rendu coupable.
Il courut chez moi, m’accabla d’injures ;
nous nous battîmes ; un coup fourré
nous jeta tous deux sur le carreau ; nos
témoins nous secoururent. Traités habilement,
nous fûmes sauvés, mais ma disgrâce
était prononcée. Dès que je fus en état de
marcher, on signifia que j’avais perdu ma
place et que l’Électeur me bannissait de sa
cour. Le même jour de notre combat, Eulalie,
se retirant, avait prié qu’on la transportât
au couvent des chanoinesses, où elle
était inscrite depuis l’enfance. Mon père
était furieux. Si je n’avais pas été fils unique,
il m’aurait infailliblement déshérité. Mais
il était bon, il m’aimait jusqu’à la faiblesse.
N’ayant pu fléchir en ma faveur une respectable
famille à laquelle il offrait, ainsi
que moi, de réparer de tout notre pouvoir
mon détestable outrage, il m’enjoignit de
voyager et de ne reparaître à ses yeux que
lorsqu’il daignerait me rappeler. J’obéis.
Six mois après mon départ, on m’écrit qu’Eulalie, qui avait essuyé quelques mortifications dans son chapitre, venait de disparaître sans laisser aucun indice du parti