regret d’avoir comblé mes vœux, du moins
voulait-elle me prouver qu’elle l’avait fait
sans égarement et qu’elle méritait mon
estime. Cette conduite dont, avec plus de
bon sens, j’aurais dû être charmé, me
déplut ; au contraire, je n’y vis que de la
froideur. J’étais ardent ; j’accusai dans mon
cœur Eulalie d’aimer faiblement, et j’eus
en particulier mauvaise opinion de son
organisation physique, lui voyant prendre
si peu de goût à une chose dont il me semblait
qu’on ne devait plus pouvoir se rassasier
dès qu’on avait le bonheur de la
connaître.
Sur ces entrefaites il m’arriva, dans un même jour, deux événements imprévus qui changèrent soudain la face de mes intérêts et préparèrent le piége où mon mauvais génie avait le dessein de me précipiter.
Le matin, une lettre m’apprit que par la mort d’un de mes cousins, seul mâle de sa branche, et qui n’était pas marié, des fiefs considérables retournaient à mon père. Sur le soir, parut à la cour la jeune comtesse douairière de ****, qui après deux ans d’un triste mariage avait enfin enterré son vieil