puis en croire mes yeux… Quoi ! c’est-là le
ci-devant joujou de poupée qui pourtant
me donnait tant de plaisir !… La voilà, cette
petite broquette dont j’ai fait l’éducation !
Ceci tient du miracle. (Le chevalier, par
modestie, veut couper court à cet éloge et
occuper encore plus agréablement la bonne
Durut.) Attends, attends, mon fils, que je
me prosterne, que je l’adore. (Elle tombe à
genoux avec une visible ferveur, et, couvrant
de baisers le brûlant objet de son
culte, elle continue :) Modèle et roi des
vits[1], puissé-je faire ta fortune, comme tu
fis et vas faire encore ma félicité ! (Elle se
relève et se poste savamment. Le chevalier
l’init avec toute l’ardeur et la grâce imaginables.
Après Un court silence, madame
Durut sentant les approches du suprême
bonheur se livre aux transports et, s’agitant
- ↑ On s’engage avec le lecteur à lui épargner dans ce récit toute expression incongrue, mais on ne peut lui promettre de faire parler un acteur autrement que le comportent soit son éducation, soit le délire dans lequel une situation violente peut le jeter. Madame Durut, par exemple, n’est pas femme à user de périphrases, et dans un emportement de colère ou de joie elle lâche fort bien un foutre, un bougre, ou nomme quelque chose d’indécent par son vilain nom.