Page:Nerciat - Les Aphrodites, 1864.djvu/195

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
13
ELLE A BIEN FAIT.


dans ses dents et son gosier. Je l’agaçais, il ne me répondait que par monosyllabes, mais il gobait les tranches de gigot comme des pilules. Et le vin !… Buvant dans un verre à sirop, il entonnait à chaque coup sa demi-bouteille.

Célestine. — Ce sera un dispendieux pensionnaire que ce monsieur-là.

Madame Durut. — Bon ! cela ne peut durer ; le pauvre diable n’avait peut-être pas mangé depuis Bayonne. Son air affairé, distrait, me faisait mourir de rire. Tout d’un coup, il s’oublie et, se croyant apparemment au cabaret, il se lève, et frappant de son enragé de vit un grand coup sur la table, il me fait tressaillir sur ma chaise comme si on m’avait tiré un coup de pistolet.

Célestine. — Quel démon que cet homme ! et que voulait-il dire donc ?

Madame Durut. — Un cure-dent.

Célestine. — Que le diable l’emporte !

Madame Durut. — J’en avais à son service. Mais du reste j’aurais moi-même appelé, pour avoir de quoi nous purifier de nos saloperies. M’entendant demander de

  II.
2