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LE DOCTORAT IMPROMPTU

niable Claudin. Il visait au bouffon, cela faisait grand effet dans un séjour dénué d’amusements ; et puis encore le petit rustre croyait bêtement, ou feignait de croire que, dans un collége, on se rend fort recommandable en affichant le désir de s’endoctriner. En conséquence, il paraissait épier avec soin les occasions où pendant nos récréations et d’autres moments de loisir assez rares, le premier venu de nos pédants pouvait le faire lire, écrire ou répéter quelques tirades de livres classiques qu’il faisait semblant de vouloir savoir par cœur, bien qu’il n’y comprît pas une syllabe. Avec toute l’enfance de la maison, Claudin jouait un autre rôle. Pour quelques soins, pour une pomme, il endurait des mystifications, grimaçait, ou faisait de gauches contorsions du corps qu’il nommait ses tours de force. J’étais espiègle et gai : Claudin me faisait rire ; et comme, pour sa gourmandise et son avarice, j’étais l’un de ses plus utiles chalands, il m’honorait d’un attachement