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LE DIABLE AU CORPS.

L’ABBÉ.

Avouez que l’occasion est belle de vous faire connaître la réalité de ce dont votre emplette ne peut donner que le simulacre ?

LA MARQUISE, stupéfaite,
et regardant Bricon avec l’air de chercher à le mettre
de son parti contre l’Abbé.

Eh bien ! vous l’entendez ?

(Bricon baisse les
yeux sans répondre). — (À l’Abbé).

Vous auriez l’impudence atroce d’imaginer qu’une femme comme moi…

L’ABBÉ, d’un ton bourru.

Une femme comme vous ! Eh ! cent diables ! une femme comme vous a bien eu le courage d’acheter un godemiché double, qu’apparemment une femme comme vous n’a pas le dessein de mettre dans un reliquaire ! Soit que vous ayez, Madame, projetté de vous le faire incruster, soit que vous vous proposiez de l’incruster à vos amies, il est bien arrêté dans votre esprit que Saint Noc et Saint Luc peuvent être fêtés à la fois ! Or, du moment où vous l’avez conçu, toute dignité à part, vous êtes devenue aussi Boujaronne que moi. Répondez à cela… Répondez !

LA MARQUISE, consultant
encore des yeux Bricon, après avoir jetté sur l’Abbé