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LE DIABLE AU CORPS.


aux combats de Vénus. Je jure par cette toison… (elle se troussait) de ne pas défoutre que je n’aie mis sur les dents, non-seulement tous ces gens-ci, (elle montrait ses cinq tenans) mais (secouant sa chemise) encore quiconque voudra s’enrôler sous cet étendart. — Insensée ! (riposta la fiere divinité) j’accepterais le défi si je pouvais vouloir ta mort, mais un seul de mes gens peut plus… — Prends les miens, arrogante, et je délie tes patagons. Veux-tu de plus un couvent de carmes ? Les cent-Suisses ? Levons chacune une légion de fouteurs, et voyons qui la premiere demandera quartier, ou perdra la vie. » — À ces mots, Junon, faite pour apprécier ce sublime courage, vient à la petite héroïne les bras ouverts, l’enleve, la poste debout sur l’infléchissable braquemart d’un Heiduque et… — « Que je t’adore, Alexandre femelle ; il serait beau d’être ta rivale, et je m’en glorifierais, dussai-je avoir le sort de Porus[1] ! Mais faisons mieux : sans jalousie, sans animosité, mettons notre fortune en commun, signalons-nous par des exploits inouis, et faisons passer dans le sang des nobles champions qui nous écoutent le brûlant desir de nous imiter. »

Cette éloquente péroraison fut le signal d’un

  1. — Elle voulait apparemment faire allusion à sa haute stature, comparée à celle de la petite Comtesse.