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LE DIABLE AU CORPS.


ville, avec sa voiture, un mot d’écrit, qui le priait de se masquer tout de suite, et de venir la joindre chez le Prélat.

Dupeville était couché quand il reçut le message ; mais, respectueusement soumis à la moindre volonté des Dames, il est aussi-tôt debout, part, et se trouve au rendez-vous assez à tems pour que, (prévenu d’abord par la Marquise de l’utilité dont lui serait une personne telle que Mlle. d’Angemain, s’il se l’attachait) il puisse encore, mêlé dans la foule qui ne le remarque point, contempler avec quel zele, quelle délicatesse morale et quelle adresse physique l’excellente fille seconde Sir John dans son pari. Dupeville est encore témoin des marques d’intérêt frappantes que donne la tendre Sœur-grise, à l’occasion de la rixe qu’engageait son Anglais. Cette louable conduite avait touché jusqu’au vif le sentimental Dupeville. Il saisit avec son enthousiasme ordinaire l’instant où la Sœur cessait d’être en fonctions. Il se démasque, tombe à ses pieds, lui jure qu’il est devenu son esclave, et fait, à l’appui de ses éloges, des propositions fort séduisantes. D’Angemain ne sait ce que signifie cette bourrasque d’engouement ; mais la Marquise a bientôt fait de lui expliquer l’énigme. « Nous avions (dit-elle en montrant Paillasse et la Cabaretiere) nous avions arrangé cela d’avance ; assurés de faire ainsi le bonheur de deux per-

sonnes