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LE DIABLE AU CORPS.


Qu’ils viennent. » Un mot fut dit au Sieur Tapageau : tous ces automates étaient logés dans les environs. Bientôt on revint annoncer à Mme. la Comtesse qu’elle serait servie.

D’un autre côté, la Princesse Junon, pendant le travail des parieurs, avait tiré le Prélat-Paillasse par la manche pour lui dire : « En vérité, vos acteurs masculins sont à mourir de rire ! Que voulez-vous qu’une femme comme moi fasse de ces mirmidons ? Trouvez bon que je me serve de mes fouteurs ordinaires. — Votre Altesse peut commander ici. » Au même instant l’on vit entrer trois especes de géants, dont le plus petit, élégamment habillé en chasseur-domestique, avait tout au moins six pieds de France : les deux Heiduques le surpassaient. « Vous avez raison, Madame, (dit Paillasse en reculant devant eux avec respect) nous n’avons rien ici qui vaille ces Excellences, »

Qu’on s’imagine des grivois larges d’épaules comme des tours, musculeux comme des Cariatides antiques, et vermeils comme des bigarreaux. « Ce n’est pas assez de les voir sous l’étoffe, dit la Princesse : vous allez mieux les juger. » Elle fit de la tête un signe majestueux, et voilà que tout aussi-tôt les trois drôles ont les voiles au vent. « Qu’en pensez-vous ? — Justes dieux ! (s’écria Paillasse) quels braquemarts ! Pourquoi de vils mortels sont-ils ainsi favorisés de la