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LE DIABLE AU CORPS.


bonnet pittoresque, d’un poil court et frisé, et que décoraient deux cornes en volute artistement faites, du centre desquelles s’échappaient deux oreilles courtes et pointues ; ce qui donnait, en tout, au personnage l’air, plus piquant peut-être que monstrueux, de ces simulacres antiques si révérés du beau sexe, et de ces heureux brut-d’hommes dont l’histoire des tems fabuleux nous a tant parlé sans avoir pu nous persuader absolument de leur existence.

La mascarade de Chiavaculi ne pouvait manquer de faire rire d’abord, mais bientôt on l’avait trouvé sensée et tout-à-fait convenable au genre qu’il avait embrassé. « Mes amis, dit le Prélat, rien ne nous empêche de nous déguiser aussi, à moins, toutefois, qu’on ne préfere le plus beau de tous les costumes, la parfaite nudité ? » La bande libertine se fut à peine entre-regardée, avec un moment de réflexion, que la pluralité des voix fut pour le travestissement. Quelques Dames, il est vrai, quelques hommes aussi, pouvaient voter secrétement pour le nud, telles que la superbe Princesse ou la parfaite Nimmernein ; tels qu’un Dom Ribaudin, un Pasimou et d’autres encore. Mais l’amour-propre du plus grand nombre sentait la nécessité de ne point trop se compromettre. « Eh bien, leur dit le gracieux hôte, j’ai, sans sortir d’ici, beaucoup au-delà de ce qu’il faut pour costumer dix-huit personnes. Qui