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LE DIABLE AU CORPS.


destin ; vous n’aurez perdu qu’une partie de vos admirateurs. »

Soudain un claquement de mains universel, fut le signal du plus parfait contentement… « Qui m’aime me suive » (dit le Prélat, prenant sous son bras la petite Comtesse.) Toute la bande défile le plus gaiement du monde ; et s’encoffrant dans cinq voitures seulement (pour que, sur la route, la caravane fût moins remarquable), on se rapproche en toute hâte de Paris.

Laissons courir nos émigrans, et restons encore un moment où nous sommes. Il est intéressant d’y voir cent bras subalternes, occupés vivement, mais sans confusion, à éteindre, à déplacer, à démolir. On y doit, sur-tout, admirer la magnanime Couplet, dévorant, en héroïne, le chagrin qui pénetre son cœur, et donnant, avec une présence d’esprit unique, de nouveaux ordres qui trompent ses agens, et écartent au loin la moindre apparence d’une catastrophe. Les musiciens bien payés, sont renvoyés par la riviere, emportant une provision de vin proportionnée à cette soif inextinguible, dont ils font profession. Vaisselle, argenterie, vins, liqueurs, tout rentre, avec ordre, dans les fourgons[1]. L’ambulance de

  1. Ces détails et d’autres qui suivent, font longueur, sans doute ; mais j’ai cru devoir les laisser subsister, parce que, peut-être, le Docteur a-t-il eu pour but, en peignant ainsi négativement, d’apprendre, au lecteur, tout ce qu’aurait été une fête qui pourtant n’avait point lieu. — (Note du Traducteur.)