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LE DIABLE AU CORPS.


au reste, personne ne perdra rien ; je préfere de me ruiner, et que tant de respectables pratiques n’aient point à se plaindre de moi. » Peu de ses déserteurs lui répondaient de maniere à la consoler ; presque tous murmuraient ; quelques-uns cherchaient à l’humilier par le reproche de quelque fripponnerie concertée avec la Police…

Pendant ce tems-là, deux de ceux qui ne s’en allaient point agitaient, avec bruit, une question assez embarrassante. C’étaient sir John Kindlowe, et le Comte Chiavaculi. « Que devient notre pari ? (disait celui-ci.) — Je n’entends pas qu’il soit nul, (disait l’autre) partie remise, à la bonne heure. — Comment l’entendez-vous ? (ripostait le bouillant Italien) c’est pour cette nuit, sans délai. — Eh bien, pour cette nuit, soit : mais où la scene ? — Pardieu, cela m’est égal ; fut-ce en place publique. »

Personne, jusques-là, ne savait l’à-propos de cette bruyante contestation. « Paix, mais paix donc, Messieurs (interrompt l’architricline de retour vers eux.) Eh foutre, faut-il donc faire tant de carillon pour un rien. Il n’est que huit heures ! ou vous êtes de foutus bravaches, ou vous avez du tems de reste pour la décision de votre pari. La belle affaire que dix coups pour chacun, à foutre en deux heures ! — Expliquez-nous mieux la chose (dit alors notre Prélat, marquant le plus vif intérêt.) — Voici le fait, Mon-

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