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LE DIABLE AU CORPS.


la scene dans laquelle elle se trouve chargée d’un rôle.

(Parlé.)


— Ce portrait est parfaitement ressemblant : toutefois comme dans les momens décisifs, elle ne se mêle de rien et ne partage point la besogne, bien des gens pourraient ne pas goûter son indolente jouissance. J’ai eu le premier, à Paris, ce chef-d’œuvre germanique. Tête-à-tête avec Mademoiselle de Nimmernein dans ma petite maison des boulevards, je la mets nue… Oh ! sans hyperbole, je crois voir respirer Galathée après le dernier coup de ciseau de Pygmalion. Ivre de desir, je la renverse à moitié sur le bord d’un grand lit : à mon approche, elle devient rose de la tête aux pieds : immobile, elle m’attend, me reçoit, me laisse faire sans se donner autre peine que celle de déployer en crucifix deux bras de proportion divine et de soupirer en murmurant, her ïésus !… mein Gott ! Ses entrailles frémissent… Je me sens à la nage, et voilà deux grands yeux bleus fermés, ma nymphe morte, distillant après ma retraite, l’humeur bouillante où je venais d’être noyé…

Cependant je me rappelle qu’une lettre d’affaires très-importante exige de ma part une prompte réponse : j’écris trois pages et reviens à ma beauté. Elle na pas changé d’attitude ; un baiser profond à travers deux rangs de perles lui fait pousser un soupir. — Que d’attraits ! m’écriai-je, pénétré d’admiration et semant par-tout mes brûlantes caresses. Mais quoi ! ne pourrais-je donc pas jouir de l’aspect enchanteur de tout ce que me dérobe votre pose ac-