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LE DIABLE AU CORPS.


tive, et son tempérament égoïste est si mal en proportion avec les ressources ordinaires que fournit notre bon pays, qu’elle est repoussante pour tous nos amateurs et n’en peut attacher un seul à son char.

LA MARQUISE.

Eh bien, Comtesse ? celle-ci vous dégote, ma fille.

LA COMTESSE.

Je ne me pique pas d’être un môle de luxure contre lequel doivent se briser tous les desirs. J’aime à les faire naître, à les fomenter, à les satisfaire, à les ressusciter. J’en fais gloire. Personne ne sortit jamais humilié de mes bras, ni méditant le projet ingrat de n’y plus revenir. Sur ce pied, j’ose me préférer à celle qu’on m’oppose. Au reste, je la verrai ce soir, je prendrai sa mesure, et n’hésiterai pas à la défier si je la trouve digne de ma colere : on saura qui de nous deux a plus de talent et d’intrépidité.

LE COMTE.

Magnanime dévouement, ma chere Comtesse : d’avance je parie pour vous…

LA MARQUISE, à la Comtesse.

Je suis enchantée d’avoir pu te piquer, puisque cela nous vaut d’avoir vu dans tout son jour la portée de ton insigne émulation…

LE COMTE, interrompant.

Voilà qui est fort bien : mais si nous nous